Le ridotto du Palazzo Dandolo à San Moise de Francesco Guardi
Actuel Hôtel Monaco près de la place Saint-Marc
Traditionnellement, dans le christianisme, le carnaval marque la dernière occasion de célébration des aliments gras avant le début du Carême.
A Venise le carnaval est mentionné pour la première fois en 1094.
Le but premier du carnaval de Venise était d’abolir les contraintes sociales habituelles.
Le riche devenait pauvre et vice versa, les personnes qui se connaissaient bénéficiaient du privilège de ne plus avoir à se saluer grâce à l’incognito procuré par les masques apparus au
XIIIème siècle.
Le port du costume avec masque permettait une liberté inconnue pendant le reste de l'année, les individus pouvaient transgresser certaines règles sans se faire reconnaître.
Institutionnalisé et « codifié » à la Renaissance, le Carnaval s’ouvre à l’opéra à partir du XVIème s. et accueille les princes d'Europe (auparavant, le théâtre avec ses prix d'entrée réduits était plus populaire).
C’est à partir du XVIIème s., à l’époque du Baroque, que le mythe du Carnaval de Venise, s’est répandu dans toute l’Europe, et, c’est l’image du XVIIIème s. qui nous est la plus familière grâce aux tableaux de Canaletto, Francesco Guardi, Giandomenico Tiepolo et surtout Pietro Longhi.
Longtemps célébré entre l'Épiphanie et le Carême, il s'étend à cette époque pendant plusieurs mois de l'année …
À Venise c’était une période de divertissements continus et de licences en tous genres pour les nobles et les riches marchands qui ont construit tous les plus beaux palais existants aujourd’hui.
Il était obligatoire d’aller au théâtre et/ou au Ridotto en masque ce qui permettait de contrôler les excès vestimentaires.
Le Ridotto (réduit), était à la fois un petit local accueillant intime, où rencontrer ses amis après le théâtre, souvent doublé d’une maison de jeux (un casino = une petite maison), On y pratique les jeux de hasard, on y danse, on y fait des rencontres galantes, mais on y parle aussi de théâtre et de la nouvelle philosophie venue de France.
Le ridotto ou casino Venier abrite, depuis 1987, le siège de l’Association Culturelle ItaloFrançaise/Alliance Française, à l’étage d’un palais très discret au bord d’un rio.
Un ridotto de Francesco Guardi
Les amusements du carnaval se répandaient jusque dans les couvents et les orphelinats comme la Pietà, où Vivaldi, qui fut un piètre prêtre mais un grand musicien, y fut détaché par sa hiérarchie pour l’enseignement de la musique et du violon aux orphelines que les religieuses avaient pour mission d’éduquer. Durant la période du Carnaval, il y avait d’un côté la clôture avec les orphelines ou les nonnes, de l’autre les couples vénitiens en « masques » … tout ceci à la limite du libertinage…
Il y a eu des périodes qui duraient 6 mois à célébrer face au reste du monde les succès politiques et économiques de la Sérénissime.
Le parloir des moniales de San Zaccaria de Francesco Guardi
Le Carnaval existait cependant depuis déjà longtemps lorsqu’il subit une évolution qui en fixa, dans le 1er quart du 16ème siècle, le visage qu’il allait conserver jusqu’à la fin de la république en1797.
C’était au moment de la 1ère Campagne d’Italie de Napoléon Bonaparte qui, pour humilier les nobles, interdit le Carnaval.
Il a été réhabilité en 1980…. Et c’est à partir de là que, fascinée par Venise, toute l’Europe y a participé…je ne parle pas de nos masques « historiques » d’ARIA (ANNECY RENCONTRES ITALIE ANNECY) qui y ont participé dès sa restauration en s’y rendant chaque année.
C’est ainsi qu’ARIA dès 1996 a créé un Carnaval Vénitien qui a pris ensuite le nom de « Carnaval Vénitien d’Annecy »…